Bertrand Jonquois, membre du bureau de la Mobile Marketing Association France (MMA) et rapporteur de la commission applications mobiles, nous aide à comprendre comment les gens font du m-commerce.
Une étude de Lightspeed Research menée en Mai 2010 en Angleterre, Allemagne et France met en évidence les 3 modes de consommation du m-commerce :
1. L’achat de sonneries ou applis (incluant l’envoi de SMS) : représente au niveau mondial un chiffre d’affaires de 4,2 Md $ et 2,5 Md d’applications téléchargées dans le monde uniquement via les appstores
2. Le e-commerce via téléphone mobile (c.a.d. l’achat de produits) : l’exemple le plus parlant est celui d’Ebay qui a réalisé en 2009 600 M$ de chiffre d’affaires uniquement grâce à son appli iPhone. Ils anticipent 1,5 Md $ pour l’appli iPhone en 2010 (et Thierry Chopard de Paypal croît que le chiffre sera en fait bien plus important).
3. L’attraction des consommateurs vers des magasins physiques grâce aux couponing et à d’autres types d’incentifs d’achat. Un excellent exemple de cet usage est aujourd’hui représenté par Foursquare.
L’étude conclut que 1/5 des acheteurs anglais achètent déjà par mobile (il s’agit du pays le plus avancé).
45-50% achètent des tickets ou des produits. 1/5 le fait grâce à Paypal.
Thierry Chopard, Manager Business Development Paypal explique que 20-25% des gens font déjà des transactions sur mobile : 5 millions possèdent un iPhone et 5 millions de français surfent sur mobile : cela représente des chiffres importants et il est fort temps que les commerçants se mettent sur le marché de la vente mobile.
Le véritable coup de pouce au marché sera donné par Android qui représente déjà 33% des ventes mobiles aux Etats-Unis et 19% en Europe de l’Ouest. Les opérateurs d’ailleurs sont en train de pousser Android très fort dans leurs offres.
Rakuten (qui a récemment racheté Price Minister) a réalisé au Japon 20% de ses ventes sur mobile (>100 Md$).
Paypal représente 140M$ de transaction mobiles en 2009 et prévoit de dépasser les 500M€ en 2010 avec comme principal marché les US.
En France, Paypal dépasse les 10 millions de comptes dont 5 millions sont actifs.
Aujourd’hui la facturation sur mobile passe principalement par les opérateurs pour l’achat de contenu digital. Les opérateurs facturent 20 Md$ dans le monde dont 7 Md$ en Europe et 500 M$ en France.
Mais si le m-commerce veut passer à la vitesse supérieure il faudra trouver d’autres moyens. La carte bancaire n’est pas un outil adapté pour les transactions mobiles : en effet il y a trop d’informations à saisir, notamment les adresses de livraison, et cela prend trop de temps. L’achat en mobilité peut se faire entre deux stations de métro : il faut qu’il soit simple à réaliser. De surcroît à chaque nouvelle page de saisie le taux de drop (abandon d’achat) augmente. A cela se rajoutre un frein certain des utilisateurs qui n’ont pas envie de saisir leurs informations de carte sur un mobile qui pourrait être volé.
Pour toutes ces raisons Paypal peut être une solution performante de développement du m-commerce.
Paypal a développé des applis pour iPhone, Blackberry et Android. Plusieurs vidéos sont disponibles sur YouTube pour illustrer comment envoyer de l’argent à ses amis par « bump ». Pendant les vacances, Paypal aux Etats-Unis a intégré la possibilité d’envoyer des dons aux associations caritatives. Dernièrement une autre fonctionnalité Paypal a fait beaucoup parler d’elle aux US : la possibilité d’encaisser un chèque simplement en envoyant sa photo recto-verso prise avec l’iPhone. 100000 $ de transaction ont été ainsi réalisées en 36 heures.
Paypal travaille sans relâche pour enrichir constamment l’application.
Désormais un bouton « pay with Paypal » est intégré à l’appli Ebay dans les pays anglophones. Les transactions faites avec Paypal sur Ebay sont garanties à 100% pour les acheteurs comme pour les vendeurs.
Aujourd’hui les commerçants ont le choix entre 3 formules d’intégration de Paypal :
- In-app purchase, c’est-à-dire paiement Paypal intégré directement dans l’application. Une Mobile Payment Library est disponible sur www.x.com
- Transfert sur smartphone : les commerçants qui ont déjà intégré Paypal sur leur site peuvent très facilement le transférer aussi sur les smartphones (iPhone et Android) grâce à Paypal Express. C’est le cas, par exemple de Layar et PhotoService, qui ont intégré Paypal mobile.
- Les opérateurs peuvent intégrer Paypal au niveau des API (native application). L’écran est le même que lorsque le consommateur a une appli Paypal. Cela sert à rassurer le client final et à lui donner des repères.
L’utilisation de Paypal permet de customiser son paiement : l’adresse de l’utilisateur, déjà saisie sur son compte Paypal en ligne, est automatiquement insérée lors d’un achat mobile. Elle peut être modifiée si nécessaire ; autrement elle n’a pas besoin d’être re-saisie.
Comment le m-commerce peut aller plus loin ?
Quelques exemples :
Redlaser (racheté par Ebay) est un scanner de codes barres. On peut imaginer une utilisation où l’on scannerait un code barre en magasin, on obtiendrait en temps réel un comparatif de prix et on pourrait acheter l’objet directement sur mobile au prix le lus bas.
Une autre utilisation permettrait d’effectuer et matérialiser un achat totalement par mobile : par exemple on pourrait acheter un billet sur mobile, obtenir un code 2D et faire scanner ce code directement à partir du téléphone.
Paypal a développé en Mai 2010 une appli iPhone « fun » et gratuite qui s’appelle Bump et sert à s’échanger des paiements entre amis par un simple tapotage entre deux téléphones.
Layar a développé une appli iPhone qui permet de rajouter une couche de réalité augmentée à l’appareil photo afin d’être guidés vers des lieux d’intérêt.
Question du public : quid de Square en Europe ? Les paiement par des services type Square peuvent difficilement se développer en Europe car nos cartes sont dotées d’un chip (système Pen or PIN). Mais il y a des constructeurs en Europe qui poussent le sujet.
Question du public : est-ce que Paypal a un statut de banque ? Oui en Europe Paypal a un statut de banque domiciliée au Luxembourg. Cela est du à la règlementation européenne. Mais Paypal ne se considère pas comme une banque mais comme un facilitateur de paiements. Ce qui est intéressant est qu’aujourd’hui beaucoup de banques revendent Paypal. Elles le font en particulier avec les petits commerçants qui se lancent dans le e-commerce, à qui elles conseillent l’utilisation de Paypal plutôt que celle de paiement bancaire en ligne. Paypal travaille beaucoup avec les banques au niveau des couches basses.
Bling Nation est une start-up qui propose l’utilisation de Paypal pour le paiement en caisse à travers des tags RFID qui permettent également d’obtenir des réductions et des avantages.
Pauline Herbinet nous parle de l’intégration de Paypal dans l’application mobile d’Aquarelle, première appli de vente de fleurs sur mobile. Aquarelle.com, fleuriste en ligne, a lancé il y a 1 mois (le 14 Septembre 2010) une application marchande sur iPhone. L’iPhone a été choisi car sa fonction zoom se prête bien au type de biens vendus. L’application se veut ludique : elle consiste en un jeu de grattage qui permet d’obtenir des offres de prix plus intéressantes que sur le site internet (et bientôt même un bouquet gratuit). Après le jeu on commande.
Après un mois de test les résultats sont encourageants :
Le taux de transformation est de 10%
Plus de 50% de nouveaux clients ont commandé via l’appli
L’intégration de Paypal a été facile et 10% des commandes sont passées via Paypal
La pénétration de Paypal sur téléphone mobile est le double par rapport au web
Olivier Binet de Paypal nous parle de comment on peut monétiser ses idées.
Il y a un an Paypal s’est dit que ce ne serait pas eux qui allaient inventer les modes de paiement du futur, mais que ce serait les utilisateurs qui le feraient, Paypal se limitant à leur en fournir les outils. C’est comme ça qu’est né www.x.com, une plateforme d’API pour les développeurs qui souhaitent intégrer des solutions Paypal à leurs applications. On peut jouer avec les API dans un environnement test appelé le « bac à sable » avant de les ingtégrer à sa propre application ?
3 idées sur l’évolution de l’utilisation du mobile :
1. Le mobile va devenir un portemonnaie, et donc garantir les mêmes fonctionnalités que celles que j’ai avec un portemonnaie réel : échange de cash entre personnes, encaissement de chèques, cartes de fidélité, bons de réduction, etc.
2. Le mobile nous amènera quelque part, il nous conduira en particulier vers les lieux de vente. L’application Bling Nation a été développée pour que l’on puisse utiliser le téléphone comme moyen de paiement en caisse sur le lieu de vente.
3. La monétisation aura lieu dans les différentes plateformes de téléchargement d’applis : la question qui se pose est comment créer une cinématique de paiement qui permette aux fabricants (de tablettes, de téléviseurs, de devices connectés) de payer rapidement des développeurs d’applis pour leur plateforme tout en prélevant leur commission sur les ventes ? Cela était par exemple le cas d’Archos qui souhaitait mettre en relation un acheteur de tablette Archos avec un développeur de jeux en prélevant sa commission au passage. Cela a été possible grâce aux API proposées par Paypal et Archos a développé AppsLib.
Rémi Durand, directeur marketing chez Archos, explique que leur volonté est de procurer aux développeurs de nouveaux marchés en dehors des smartphones.
Depuis qu’AppsLib a été développé, chez Archos on est passé très rapidement de 300 applis à 10000 et les chiffres augmentent d’environ 200 applis par jour : le coefficient démultiplicateur est énorme ! Ils travaillent avec Gameloft et Electronica.
La répartition des revenus est de 70% pour le développeur et 30% pour Archos.
Paypal offre la simplicité de paiement et aussi la possibilité de changer à tout moment de mode de paiement (par exemple si une carte a été piratée). En outre, Paypal bénéficie d’une présence mondiale, point très important pour Archos.
Archos a opté pour le renforcement des solutions Paypal, déjà extrêmement sécurisées, par un code PIN que seul l’utilisateur connait.
Sur le web le taux de fraude avec Paypal est deux fois inférieur à l’utilisation d’une carte bancaire.
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