FACEBOOK: créé il y a 3 ans et demi par un étudiant d'Harvard de 19 ans, Marc Zuckerberg, sa vocation primaire était de constituer un réseau social de lycéens et universitaires. Au début accessible que sur invitation, Facebook s'est ensuite ouvert à tous. Et bien lui en a pris! Le réseau compte désormais 42 millions d'utilisateurs actifs dans le monde, dont 10.8 millions en Europe. Le taux de croissance des abonnés européens a été entre Janvier et Juillet 2007 de 422% (le plus haut de tous les réseaux sociaux), et positionne Facebook à la quatrième place du palmarès des réseaux sociaux les plus utilisés (après MySpace, SkyRock et Bebo). Le parc de ses utilisateurs a beaucoup évolué depuis 2004. Les étudiants ne représentent plus que 50% des inscrits et les prévisions disent que d'ici la fin de cette année, ce pourcentage sera passé à 30%. De plus en plus de professionnels utilisent donc Facebook pour se connecter à d'autres professionnels. L'ouverture du site aux développeurs qui souhaitent intégrer des applis pour le public fait en sorte qu'un nombre croissant de services sont disponibles sur Facebook et partageables avec sa communauté d'amis: upload et partage photos, messagerie, petites annonces, suggestions de cadeaux, jeux en ligne contre les autres membres, etc. Un bon exemple d'une page de profil Facebook est celui de la journaliste des Echos Innovation Virginie Robert (mais il faut s'inscrire pour la voir...!). "Last but not least" le 25/09/07 le Wall Street Journal a annoncé la volonté de Microsoft de racheter 5% de Facebook (investissement entre 300 et 500 millions de dollars), ce qui porterait la valeur de la société à environ 10 milliards de dollars.
TWITTER: lancé en Juillet 2006 le service créé par Jack Dorsey, Evan Williams et Biz Stone est d'une simplicité enfantine. Il s'agit d'un micro-blog, couplé à un réseau social, qui permet à tout instant de communiquer à sa "tribu" via web, SMS ou IM "ce que l'on est en train de faire". Cette information remonte en temps réel vers les destinataires choisis, qui sont donc en permanence mis à jour sur vos pensées profondes, vos humeurs, le temps qu'il fait, etc. On ne peut envoyer que du texte ou des liens, le tout sur 160 caractères maximum. Inutile de dire qu'il est difficile, compte tenu de ces contraintes, de s'épancher!
Le service connaît une croissance fulgurante. En France il existe même un Twitter fan club par le biais duquel vous pourrez être tenu au courant des derniers développements et mashups du service. Lorsque l'on lit les impressions des internautes au sujet de Twitter les avis sont partagés. Mis à part les inconditionnels (nombreux?), le commentaire-type le plus récurent est "Ca ne sert pas à grande chose, mais c'est marrant et ça marche de folie aux USA". Avis aux futurs Twitteurs...
Qu'est-ce que je pense de tout cela? Plusieurs idées me viennent à l'esprit.
La cible
Elle s'est étendue d'un public d'adolescents et préadolescents à un public beaucoup plus âgé et dans le plein de son activité professionnelle. Mais si ce mode de communication permanent et compulsif peut se justifier pour des ados à la recherche de repères, correspond-il vraiment à un public de professionnels à priori très occupé, devant gérer des obligations sociales consommatrices de temps dans la "real life" et ayant aussi une famille qui réclame attention et présence? Personnellement je ne le crois pas et le mini sondage réalisé par Virginie Robert hier soir lors d'une conférence à Essec, confirme mes dires. Une seule personne du public (sur 130 présentes) était inscrite à Twitter et peu étaient présentes simultanément sur Viadeo, LinkedIn et Facebook. Ceux qui ont le temps et la culture native de ce genre d'outils restent quand même principalement les jeunes, soit les "digital natives", comme dirait Marc Prensky (voir mon post sur l'électronique grand public). Les plus âgés, c'est à dire les "digital immigrants", en font une utilisation beaucoup plus opportuniste et finissent vite par trouver ces systèmes un peu trop intrusifs vis-à-vis de leur vie privée déjà très étriquée -obligations professionnelles et familiales obligent.
L'apparente facilité
L'attrait des réseaux sociaux réside principalement dans la simplicité avec laquelle l'on peut rentrer en contact avec plusieurs utilisateurs ou groupes d'utilisateurs ciblés aux quatre coins du monde. La rapidité avec laquelle les échanges se font est perçue, dans ce monde qui manque de temps, comme un signe évident d'efficacité. De surcroît, l'immatérialité des contacts (on ne voit pas son interlocuteur) contribue à faire sauter les barrières psychologiques et réduit le jugement. On laisse tomber la forme pour ne se concentrer que sur le contenu de l'échange. Et tant que l'on reste dans le monde virtuel cette facilité est très positive. Les choses se compliquent lorsque l'on a besoin de passer du virtuel au réel. Car là les barrières ressurgissent et les protections sociales et personnelles de chacun refont surface. Les internautes qui n'hésitaient pas à consacrer une partie conséquente de leur temps au "socializing" virtuel, deviennent souvent des personnes très occupées et tout à fait inatteignables dans la vraie vie...!
Le besoin de voir et d'être vus
L'importance croissante des émissions de téléréalité dans les grilles de programmes de nombreuses chaînes est symptôme d'une évolution sociale de plus en plus marquante: la "starisation" de monsieur Toutlemonde. Sur Internet, être les protagonistes incontestés de sa propre histoire, devenir les inlassables paparazzis de sa propre vie, sous prétexte de garder les liens avec sa tribus ou ses amis, est devenu plus qu'un simple phénomène de société. C'est un "must". Pour exister dans le monde professionnel et social, vous vous devez d'être web-visible, de fouler en permanence les planches du net. Ceci mène à la création de réseaux sociaux qui de "réseaux" ont juste le nom, car ils servent, la plupart du temps, le but individualiste de se mettre personnellement en avant vis-à-vis de la communauté virtuelle, et non pas celui d'en être à l'écoute. Twitter est l'exemple parfait de ce phénomène: JE raconte ce que JE fais, de manière "push", à un public qui a consenti à ce que je l'informe. Etre visible coûte ce qui coûte, telle est la nouvelle devise. Le marketing s'en voit transformé: du marketing à la personne on passe au marketing de la personne! Ce besoin spasmodique de se mettre en avant nous amène à un paradoxe: les vraies stars se battent contre la presse pour le respect de leur vie privée; l'internaute en quête de starisation -lui- étale au grand jour ses faits et gestes sans la moindre pudeur!
Et le temps dans tout ça?
Une question me taraude quand même. Mis à part les ados qui ont des emplois du temps peut-être plus flexibles, comment font tous les autres pour trouver le temps pour faire du social networking intensif sur internet tout en gérant leur emploi du temps au travail, leur famille, les loisirs "real life", les trajets en transports sans connexion, et plus si affinités? J'ai beaucoup d'admiration pour ces workaholics de la connexion, mais je me dis que si l'infarctus ne les saisit pas avant, ils vont peut-être finir par se sentir un peu suffoqués, non?
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