

Le service connaît une croissance fulgurante. En France il existe même un Twitter fan club par le biais duquel vous pourrez être tenu au courant des derniers développements et mashups du service. Lorsque l'on lit les impressions des internautes au sujet de Twitter les avis sont partagés. Mis à part les inconditionnels (nombreux?), le commentaire-type le plus récurent est "Ca ne sert pas à grande chose, mais c'est marrant et ça marche de folie aux USA". Avis aux futurs Twitteurs...
Qu'est-ce que je pense de tout cela? Plusieurs idées me viennent à l'esprit.
La cible
Elle s'est étendue d'un public d'adolescents et préadolescents à un public beaucoup plus âgé et dans le plein de son activité professionnelle. Mais si ce mode de communication permanent et compulsif peut se justifier pour des ados à la recherche de repères, correspond-il vraiment à un public de professionnels à priori très occupé, devant gérer des obligations sociales consommatrices de temps dans la "real life" et ayant aussi une famille qui réclame attention et présence? Personnellement je ne le crois pas et le mini sondage réalisé par Virginie Robert hier soir lors d'une conférence à Essec, confirme mes dires. Une seule personne du public (sur 130 présentes) était inscrite à Twitter et peu étaient présentes simultanément sur Viadeo, LinkedIn et Facebook. Ceux qui ont le temps et la culture native de ce genre d'outils restent quand même principalement les jeunes, soit les "digital natives", comme dirait Marc Prensky (voir mon post sur l'électronique grand public). Les plus âgés, c'est à dire les "digital immigrants", en font une utilisation beaucoup plus opportuniste et finissent vite par trouver ces systèmes un peu trop intrusifs vis-à-vis de leur vie privée déjà très étriquée -obligations professionnelles et familiales obligent.
L'apparente facilité
L'attrait des réseaux sociaux réside principalement dans la simplicité avec laquelle l'on peut rentrer en contact avec plusieurs utilisateurs ou groupes d'utilisateurs ciblés aux quatre coins du monde. La rapidité avec laquelle les échanges se font est perçue, dans ce monde qui manque de temps, comme un signe évident d'efficacité. De surcroît, l'immatérialité des contacts (on ne voit pas son interlocuteur) contribue à faire sauter les barrières psychologiques et réduit le jugement. On laisse tomber la forme pour ne se concentrer que sur le contenu de l'échange. Et tant que l'on reste dans le monde virtuel cette facilité est très positive. Les choses se compliquent lorsque l'on a besoin de passer du virtuel au réel. Car là les barrières ressurgissent et les protections sociales et personnelles de chacun refont surface. Les internautes qui n'hésitaient pas à consacrer une partie conséquente de leur temps au "socializing" virtuel, deviennent souvent des personnes très occupées et tout à fait inatteignables dans la vraie vie...!
Le besoin de voir et d'être vus
L'importance croissante des émissions de téléréalité dans les grilles de programmes de nombreuses chaînes est symptôme d'une évolution sociale de plus en plus marquante: la "starisation" de monsieur Toutlemonde. Sur Internet, être les protagonistes incontestés de sa propre histoire, devenir les inlassables paparazzis de sa propre vie, sous prétexte de garder les liens avec sa tribus ou ses amis, est devenu plus qu'un simple phénomène de société. C'est un "must". Pour exister dans le monde professionnel et social, vous vous devez d'être web-visible, de fouler en permanence les planches du net. Ceci mène à la création de réseaux sociaux qui de "réseaux" ont juste le nom, car ils servent, la plupart du temps, le but individualiste de se mettre personnellement en avant vis-à-vis de la communauté virtuelle, et non pas celui d'en être à l'écoute. Twitter est l'exemple parfait de ce phénomène: JE raconte ce que JE fais, de manière "push", à un public qui a consenti à ce que je l'informe. Etre visible coûte ce qui coûte, telle est la nouvelle devise. Le marketing s'en voit transformé: du marketing à la personne on passe au marketing de la personne! Ce besoin spasmodique de se mettre en avant nous amène à un paradoxe: les vraies stars se battent contre la presse pour le respect de leur vie privée; l'internaute en quête de starisation -lui- étale au grand jour ses faits et gestes sans la moindre pudeur!
Et le temps dans tout ça?
Une question me taraude quand même. Mis à part les ados qui ont des emplois du temps peut-être plus flexibles, comment font tous les autres pour trouver le temps pour faire du social networking intensif sur internet tout en gérant leur emploi du temps au travail, leur famille, les loisirs "real life", les trajets en transports sans connexion, et plus si affinités? J'ai beaucoup d'admiration pour ces workaholics de la connexion, mais je me dis que si l'infarctus ne les saisit pas avant, ils vont peut-être finir par se sentir un peu suffoqués, non?
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